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VÉNUS EN RUT


factices, et le plongeai dans une mer de volupté ; ce qui me coûtait d’autant moins, que lorsqu’il me le mettait, ou je sortais des mains de la Molinière, ou j’allais retourner le joindre ; dans ces deux cas, l’imagination était allumée, et mon lord Pot-au-feu, qui croyait devoir répondre à mes prévenances, me procurait des plaisirs qui pouvaient faire nombre : je reprends.

Dès que je fus informée que mon jeune César était entré, je ne le laissai pas morfondre ; il ne faut jamais faire souffrir le prochain. Quoique grassette, je monte quatre à quatre, j’ouvre, et me voilà enlevée par mon joli prisonnier.

Certain d’être dans la plus grande liberté, assez connaisseur pour savoir qu’il fallait agir et non pérorer, il s’élance à mon cou et me prie de ne le pas faire mourir d’impatience ; il s’adressait bien, la mienne était égale. Faute d’autre meuble, je me jetai, en travers, sur le lit de Fanchette, et lui fis arranger un coussin sous ma tête ; à l’instant la Molinière jeta une lévite qui l’embarrassait, me montra une lance en arrêt depuis mon apparition, et me trouvant déjà placée, la gorge découverte, les jambes écartées, toute aussi nue que je le pouvais ; animé par un sourire expressif, il se précipita à mes genoux, et, dévorant des yeux l’autel où il allait s’immoler, il y imprima mille baisers, qui me causèrent un ébranlement dans tout le

  
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