en quatre mots je viens de te donner le sommaire
de mes aventures.
Il te faut donc l’aveu de mes actions secrètes, puisque je t’ai promis des détails ; on doit tromper les particuliers, mais une amie mérite ma véracité.
Je me suis rarement présentée à un spectacle lyrique ou dramatique dans le dessein de suivre la pièce, et si je l’avais voulu, je n’aurais pu le faire ; jamais je ne fus maîtresse de mon cœur ; tu sais que, selon le chevalier de Bouflers, ce mot n’est qu’un synonyme honnête : j’ai toujours ignoré, en faisant ouvrir ma loge, si je ne serais pas, un quart-d’heure après, conquérante ou conquise ; je n’ai connu qu’un embarras, non celui de refuser, mais de satisfaire tous les prétendants à mes faveurs : en effet, crois-tu facile d’arranger cinq ou six insurgents, qui offrent, en une soirée, leur joyeux service ? Refuser net me paraît impossible ; que deviendraient la politesse, l’urbanité, qui engagent à ne pas refuser ce qui peut convenir, surtout quand le marché est amusant ? Ne sais-tu pas que c’est pour moi que ce vers d’une tragédie de société a été écrit :
Pour vous foutre il ne faut que vous le demander.
On jouait un soir l’Ami de la Maison ; je résolus d’en introduire un de plus dans la mienne. La Molinière, jeune officier, se trouva