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VÉNUS EN RUT


tion neuve pour moi : cet ami me traitait avec égards ; il était caressant, assez bien conservé, et me donnait des nuits meilleures que je ne les avais soupçonnées : il cherchait à me mettre de toutes les parties d’amusement ; elles me flattaient en sa présence ; elles me ravissaient en son absence. Voyant qu’il était déterminé à m’aimer trop sérieusement, je le laissai faire, et, comme j’avais beaucoup de liberté, j’en profitai, deux jours après la prise de possession de l’appartement qui m’était destiné.

Toujours fidèle à mes principes, Durocher, jeune homme que je n’avais qu’entrevu, et qui devait partir sous peu, me pria de lui donner quelques passades, ou plutôt je l’y engageai : une autre femme ne s’y fût pas prêtée, parce que cette intrigue était de nature à me jeter dans les plus grands dangers, et qu’elle n’était qu’une éclipse de bon sens. Ces motifs me décidèrent ; je trouvai que débuter dans le monde par un coup aussi hardi me ferait une éclatante réputation, et que mes plaisirs avec Durocher, devant être éphémères, je pourrais sous peu m’arranger avec un autre ; ce fut alors que voulant m’essayer, et monter par degrés au comble de la témérité, dont tu verras des traits, j’osai me le faire mettre par cet inconséquent étourdi derrière le paravent du salon où Francour méditait ; il fut cocu et content ; car, après