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VÉNUS EN RUT


dessiné ; taille avantageuse, belle jambe, nez aquilin ; marchant avec noblesse, parlant en termes trop recherchés pour moi, qui feignais de les entendre ; en un mot, fait comme un joli officier de dragons.

— Que je suis heureux, me dit-il, charmante enfant, car j’ignore votre nom : vous cédez à la complaisance.

— Mon nom, monsieur, est Rosine, et ce n’est point la complaisance qui m’amène, c’est l’envie de répondre à votre politesse ; que me voulez-vous ?

— Je ne veux rien, qu’exposer mes désirs et vous prier de vous y rendre ; faites-moi la grâce d’entrer dans un appartement que j’ai à vingt toises d’ici, où je n’ai jamais reçu d’aussi aimable personne.

Je ne me fis pas prier ; j’avais tout prévu ; j’arrive, et je trouve un salon assez éclairé, suivi d’un boudoir qui me sembla délicieux ; c’était le premier que je voyais ; son élégante simplicité me parut d’un luxe très recherché ; le goût y régnait plus que la magnificence, et rien de ce qui est commode n’était épargné. Rosine ne se trouvait plus réduite à des fagots ; elle ne voyait plus qu’avec mépris le sopha d’Aglaé : elle allait opérer sur un lit à la turque bien conditionné, et voir ses petites mines dans des glaces répétantes. Mon cher Valrose, (car accoutumes-toi à