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VÉNUS EN RUT


fut pris, pour le lendemain, au même lieu, et je revins, plus allumée que jamais, me préparer à de nouveaux assauts, en faisant bonne contenance contre mon assaillant ordinaire.

Le jour suivant je trouvai mon bel inconnu qui m’attendait ; car je n’appelle pas connaître quand je ne puis employer le terme, dans toutes ses acceptions ; il me pria, par six lignes, qu’il me donna avec une orange, de le précéder hors la porte St-L… sous cette allée solitaire, qui est souvent témoin de bien des tours joués aux maris : Aglaé, toujours complaisante, m’y suivit. Valrose ne se fit pas attendre ; il me déclara son amour, il vit dans mes yeux son succès, et me pria de me rendre, sur le soir, près de la porte qui ouvre le chemin de Paris. Avec quelle impatience j’attendis que notre planète eût fait sa révolution diurne, et qu’après le crépuscule, suivant ce que le vulgaire croit le coucher du soleil, je pusse sentir les effets des offres du galant magistrat !

Aglaé, qui avait des ménagements à garder, me laissa seule courir les risques de l’entreprise, et, assurée que mon joli fémur était un bouclier, contre lequel tout preux chevalier devait rompre sa lance, elle me souhaita bon voyage. J’arrivai. Valrose était en habit de bonne fortune ; il en paraissait cent fois plus aimable ; peins-toi, Folleville, un garçon de vingt-quatre ans, bien