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VÉNUS EN RUT


refusé celui de masquer mes désirs : un malaise involontaire se fait alors sentir ; mes joues se colorent, mes yeux ont une langueur mêlée de feu, qui n’est qu’à moi : mon amie aurait donc aisément deviné mes besoins irrésistibles ; d’ailleurs une fille de dix-huit ans ne fait-elle pas ce qu’il faut à celle de quinze ? Elle me fit connaître un grand garçon d’une belle figure ; jeune, nerveux, et dont l’aimable ensemble, ainsi que le nom, inspiraient la gaieté ; nous fûmes bientôt arrangés.

Les exemples de la capitale ont fait bien des prosélytes dans les provinces : dieux ! comme on s’y moque des mamans ! Celle d’Aglaé aurait juré, sur son psautier, que sa fille était plus que Vestale ! eh bien ! ma chère, c’est à côté d’elle, séparés par une simple cloison, que nous faisions partie carrée. Mon tempérament, assez décidé par mes essais de campagne, n’attendait, pour augmenter, qu’un professeur robuste ; le hasard me l’avait fourni. Tandis qu’Aglaé foutait sur son lit à deux pas de moi, avec une ardeur égale à ses moyens, j’étais livrée sur un sopha voisin aux caresses redoublées d’un amant plus chaud que le sien ; caresses qui, toutes délicieuses qu’elles étaient, excédaient mes forces : je n’étais pas encore totalement formée ; mon fouteur, dont le viédas superbe aurait triomphé des femmes de la cour, voyant que je me

  
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