qu’elle méritait ; sans employer ces délicieux
préliminaires que j’ai connus depuis, mon amant
me renversa une seconde fois, passant ses bras
sous mes reins ; j’élevai mes jambes sur ses
hanches, et il me procura une soif qui ne put
s’apaiser que par des libations abondantes.
Tu sais que les femmes, avares de leurs plaisirs, veulent que leurs amants ménagent leurs forces et ne déchargent qu’à propos ; j’ai toujours abjuré cette économie, parce que je trouve dans le nombre ce que je cherche ; je veux obtenir tout, et sans réserve ; malheur à celui qui s’épuise ; un lieutenant l’a bientôt relevé : ces accolades, demi sèches, me donnent peu de plaisir, je crois alors être foutue par un eunuque.
Quand je te dirais combien dura ma première affaire, cela te serait égal ; ce qui ne le sera pas, c’est la suite d’un aussi singulier début.
Je ne pus davantage supporter le séjour champêtre ; je vins dans une belle ville, où j’étais assurée de ne pas manquer d’adorateurs ; mais mon inexpérience avait besoin d’un guide. Aglaé, avec qui j’avais passé plusieurs années de mon enfance, brune piquante, plus formée que je ne l’étais, de taille à braver vingt satyres, et de force à les terrasser, partagea ses plaisirs avec moi : je ne lui dissimulai rien, c’eût été vainement. La nature m’a donné le talent heureux de masquer mes jouissances ; elle m’a