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VÉNUS EN RUT


que je ne sortisse vierge du temple souterrain ; sans ma constante résignation, et la vigueur de mon hercule, nous perdions le fruit de nos travaux. J’étais, dans la plus grande vérité, étroite à l’excès, cela devait être par mon heureuse conformation, n’ayant jamais connu l’Onanisme, ni ses secours trompeurs. Mais je ne sais si tu m’entends, ma chère amie ; j’ai joué la prude sans m’en apercevoir ; j’ai pris des tours, j’ai emprunté des mots, au lieu de nommer uniment les choses ; tu es trop franche pour vouloir me forcer à des recherches de termes qui m’embarrasseraient beaucoup, et qui n’auraient pas la force des Techniques.

Après cette première jouissance, nous convînmes de nous retrouver, le lendemain, au même lieu, et je remontai joindre ma confiante maman, avec une sécurité, un calme apparent, dont une ancienne coquette se serait fait honneur, tant j’étais précoce et destinée à professer un jour l’art d’en imposer à qui je voudrais ; art que nulle femme ne porta plus loin. Ardente comme Vénus au fort du combat, ai-je intérêt de masquer mes plaisirs et de séduire celui qui m’a en chef ; le plus habile physionomiste est trompé au calme séducteur de mes traits ; coloris, attitude, son de voix, rien ne me trahit : et, ma jupe baissée, moi seule connais mon secret : celui qui sort de mes bras reste dans un étonnement