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VÉNUS EN RUT

— Je le sens.

— Eh bien ! debout, mais impossible.

— Écoute, je vais arranger ces sarments et je me mettrai dessus.

— À merveille.

— M’y voici, suis-je bien ?

— Non, avance un peu davantage, écarte tes cuisses, embrasse-moi de toutes tes forces, surtout ne fais pas de bruit, et prends garde de crier : une douleur nécessaire te conduira au plaisir.

Brûlée du plus ardent désir, je me résigne, je me prête ; je m’ajuste ; mais, grands dieux ! quand il voulut, avec un redoutable poignard, qui ne se trouvait point alors en proportion avec moi, et dont j’ai connu le prix dans la suite, forcer la résistance, involontaire, que je lui opposais, je ne pus m’empêcher de crier, tout bas, dans ce joli patois, si expressif, qui peint si fortement la douleur et les plaisirs :

— Ah ! cher et cruel P… quel mal tu me fais !

Insensible âmes plaintes, il enfonçait toujours, je gémissais encore, il continua ; un coup vigoureux m’arracha un dernier murmure ; il rompit brillamment les barricades qui s’opposaient à notre félicité, et, triomphant, par moi, de moi-même, il me fit sentir une volupté dont je n’avais que des idées confuses. Peu s’en fallut