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VÉNUS EN RUT


nous n’avons encore vu dans aucun galant tournoi ?

— Tu vas lui faire rompre sa première lance.

— Femme charmante, disait un autre, ménage cet adolescent, ne le ruine pas, de manière que les honnêtes femmes ne puissent avoir leur tour.

Un troisième, du même ordre, me dit :

— Le novice est heureux de te combattre, cette campagne contre toi lui sera comptée, j’en écrirai au Grand Maître.

— Avez-vous tout dit, messieurs ? Est-ce que je prétends masquer ma conduite ? Ne vaut-il pas autant que le chevalier de Mirebelle fasse avec moi ses premières armes qu’avec une douairière ? Ces dames sont en possession de former ou de déformer les jeunes gens ; je ne le tromperai point, s’il veut du plaisir, je suis assez bien en fonds ; une vieille coquette, assurée de n’avoir de longtemps pareille aubaine, l’épuisera ; je vous le conserverai, parce que je n’ai pas besoin de m’acharner à une proie unique ; ainsi convenez que j’ai raison, que vous avez tort, et que vous eussiez tous voulu commencer vos courses avec moi.

On rit, et on fit compliment au beau chevalier, à qui le commandeur de Montsurmont dit :

— Monsieur, vous êtes fortuné de plaire à madame, écoutez ses douces leçons, profitez-en,