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VÉNUS EN RUT


vous y ramener ; mais refuseriez-vous d’accorder quelque prix à l’amour que vous m’avez inspiré à la première vue ? Je suis maître de planer dans cette douce température ; si nous nous élevons davantage, le froid, sans ralentir mon ardeur, pourrait diminuer celle que je lis dans vos yeux. Depuis que je parcours les airs, je n’ai pu réaliser le désir brûlant d’y jouir de la suprême félicité ; de grâce, accordez.

— Oui, mon ami, je suis à toi, il est superflu de te dissimuler que le même désir m’a fait exposer à cette dangereuse entreprise des jours que je ne voudrais pas encore terminer, si ce n’est dans l’ivresse de l’amour.

À ces mots, il fit une manœuvre nécessaire pour rester au même lieu, et, me couchant mollement sur ses habits, il s’élança sur moi, prenant de la main gauche son drapeau dont il salua la terre, pour apprendre à ses habitants qu’il allait se couvrir de gloire ; et, de la droite soutenant ma tête, il me le mit avec une vigueur accrue par la pureté de l’air que nous aspirions : je me sentais des forces inconnues, si la machine n’eût été excellente, elle devait se briser sous nos coups. Mon guide céleste ne me quitta qu’après vingt minutes de séjour dans ma nacelle, et trois libations dignes de ces dieux de la fable, dont nous étions si voisins.

Jamais, Folleville, je n’ai été si délicieuse-