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VÉNUS EN RUT


noués par un ruban, elle était charmante. Elle trouva les eaux parfumées, je la fis frotter avec des pâtes onctueuses, un balsame oriental, un lait préparé ; sa peau avait alors le velouté de la rose. Quand je jugeai à propos de la faire passer à ma toilette, j’y employai l’art que tu me connais. Joséphine n’est ni brune ni blonde, j’en pouvais donc faire ce que je voulais ; avec le liège brûlé, ses sourcils devenaient deux arcs d’ébène ; le carmin ajoutait à la vivacité de ses couleurs et donnait de l’expression à ses yeux ; un corail, savamment préparé, rendait ses dents d’une blancheur éblouissante ; je n’avais presque rien à ajouter aux dons de la nature : je voyais sur son sein des veines errantes d’un azur charmant ; je n’avais pas besoin du pastel des coquettes surannées, encore moins pour le bout de ses jolis tétons de ce vinaigre qui, n’ayant ni la légèreté, ni même la nuance du carmin, trompe l’œil par la vérité de son rouge, et la main par son adhérence. En vingt-quatre heures elle fut mise avec goût, et partit de là pour entrer dans la lice et mériter des couronnes sans nombre.

Le président de Grave me demanda, un soir au Panthéon, si je voulais venir à la campagne d’un de ses amis, où M. de l’Aigle, élève du fameux Blanchard, devait s’élever dans les airs avec un ballon de nouvelle forme et déployer