La conversation fut soutenue sur le ton le plus familier.
— Après le spectacle, où veux-tu aller ? me dit-il.
— Chez moi, il faut se faire désirer.
— Quelle folie ! quoi, tu comptes souper sans société ? Tu as donc quelqu’un ? Un triste tête-à-tête.
— Oui, mon épagneul.
— Parbleu, Rosine, je vaux bien un lexicon, et tu me permettras de disputer la préférence à ton toutou. Je sais bien ce que nous ferons ensemble, mais je sais mieux que si nous n’avons un tiers, la partie ne sera pas aussi vive qu’elle peut l’être ; permets que j’appelle le duc de Montbrillant ; il sera délicieusement affecté de la bonne fortune que je lui procure.
Je me défendis, et je cédai ; on ne change point son caractère.
Un signe fait au duc l’amena près de nous ; il entra dans ma voiture, la sienne et celle du marquis suivirent. Ces messieurs me firent le compliment le plus flatteur sur mon retour à Paris, et le goût qui régnait chez moi, ils me louèrent ensuite en gens de l’art, et me prodiguèrent mille caresses ingénieuses. Accoutumés à partager leurs bonnes fortunes, nulle rivalité ne s’y opposait ; ils présidèrent à mon déshabiller, et y mirent une maladresse éternelle, je