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VÉNUS EN RUT


quatorze couronnes à Priape, après sa victoire sur autant de jeunes gens vigoureux qu’elle avait excédés ; vous n’êtes encore que sept, jugez si je compte que vous me déclariez, comme elle, invaincue.

Je finis mon discours oratoire par une pose qui semblait dire :

— Messieurs, mettez-le-moi donc.

Paillard me coucha sur des piles de carreaux que Fanchette avait arrangés, et soutint la brillante réputation dont il jouissait ; il me foutait si bien que, si ses co-acteurs m’avaient tous forcée à répandre, comme lui, des torrents d’élixir amoureux, je n’aurais pu tenir parole. Chaque combattant se présenta, et les charges furent si répétées, que je ne me souviens ni de ceux qui doublèrent et triplèrent, ni de toutes les folies que nous fîmes. Suffit que trois heures furent employées à battre chaud, et que mes ennemis, ne pouvant gagner le champ de bataille, pensaient à une retraite prudente, lorsque le chevalier de Boneuil, qui demeurait dans ma maison, et qui, parfois me l’ôtait, rentra ; il entendit rire et quelques mots ; il se douta qu’il y avait chez moi un combat galant ; il frappa : Fanchette ouvrit, et l’arrêta ; je demandai qui c’était ; l’ayant su, je criai :

— Qu’il entre donc. Chevalier j’ai le plus grand besoin de vous, pour faire un nombre