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VÉNUS EN RUT


mérite, fourbe, séducteur, marchant à son but par la fraude et l’astuce ; sans foi, sans pudeur, sans autre crainte que celle du besoin d’argent ; égoïste parfait, rapportant tout à lui ; ayant fait de la fausseté une profonde étude, et ne connaissant point de plaisir supérieur à celui de tromper.

Le lecteur me reprochera de peindre si fortement mon père ; il ne sait pas qu’il ne me ménage pas davantage ; il ne voit pas que si je ne lui révèle la négligence affectée de mon auteur, en ne me surveillant pas dans ma jeunesse, en ne la préservant pas des écarts, par des avis et surtout des exemples ; loin de devenir un sujet qui l’intéresse, par mon libertinage, contre lequel on n’éleva point de digues, je serais un monstre, qui aurait résisté à une bonne éducation.

Ma mère ne valait pas mieux ; compagne infidèle d’un époux qui avait une plus mauvaise conduite, il y avait entre elle et lui assaut continuel de traits répréhensibles ; et les deux médecins se passaient l’émétique et la saignée.

Le projet de ma mère était de m’associer à son commerce galant dès que j’aurais atteint l’âge heureux des désirs ; c’était aussi mon plan ; et je calculais déjà même avant de sentir palpiter mon sein, le nombre des conquêtes que devaient faire mon goût naissant pour les