Page:Vénus en rut, 1880.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
VÉNUS EN RUT


Paris ; qu’il lui avait parlé de moi, qu’il avait grande envie de me connaître, à condition que nous ferions route ensemble, sans quoi il se priverait du plaisir de me voir, pour ne pas acheter des regrets. Ma réponse fut bientôt faite ; je consentis à tout. Son Altesse vint me faire ses offres ; elle voulait, après ma promesse, prendre des acomptes sur ma future complaisance ; je lui dis qu’en route je serais à elle ; que je voulais me reposer un peu, et qu’elle n’y perdrait rien. Je pris congé de mes amis ; j’écrivis au cardinal une lettre assez agréable ; il m’envoya, pour réponse, une caisse pleine des plus belles fleurs d’Italie ; nous voilà partis.

Ce que nous vîmes dans notre course ne t’intéresserait pas ; des descriptions géographiques ne vaudraient rien après celles de mes voyages sédentaires ; nous passâmes par Turin ; je traversai les Alpes, j’en vis les imposantes beautés ; nous entrâmes en France par le Pont de Beauvoisin ; nous fîmes un séjour à Lyon. Tu devines que j’envoyai chercher Mondor, pour lui prouver ma reconnaissance, et lui montrer que j’étais en bonnes mains ; il fut aussi flatté de me voir que ses amis, qui vinrent me saluer ; ces devoirs d’honnêteté remplis, nous courûmes, sans nous arrêter, jusqu’à Paris. J’y descendis à l’hôtel de Valois ; mais, fidèle à mes principes, je voulus être moins inspectée ; je louai un appartement