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VÉNUS EN RUT


me présenta un jeune seigneur allemand. Il était prévenu qu’on ne se gênait pas chez moi, aussi quitta-t-il son habit, aussitôt que son épée, et me dit :

— Charmante Française, le cardinal vous a fait attendre, et vous me le rendez, cela n’est pas juste ; voyez.

Il était réellement dans un état à ne pouvoir attendre.

— Cet abbé, répondis-je, est un méchant qui m’amène toujours des persécuteurs ; venez, monsieur le baron, vous me croyez bonne fouteuse ; je vous avertis que je ne vaux plus rien ; demandez-le à ce fripon de Succarino.

— Ah ! je le saurai par moi-même… mais quelle femme !… qu’elle est belle sans parure !… Ah ! dieux ! je jouis de la plus aimable mortelle.

Je ne disais mot, mais je le faisais dire vrai ; je me signalai ; je fus contente de moi, et je lui prouvai qu’une Française porte dans tous les climats une ardeur inextinguible. Le baron fut aussi satisfait que le cardinal, mais à meilleur titre ; nous nous séparâmes. C’est ma dernière aventure à Rome ; je sentis un accès de cette langueur qu’on nomme maladie du pays ; ayant besoin de santé, je jugeai à propos de revoir l’empire des Lys.

Le baron me dit, la veille de mon départ, qu’un prince souverain d’Allemagne partait pour