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CHAPITRE PREMIER

L’ÉTROITE


Il faut donner, malgré moi, à cette auguste brochure un air d’importance et faire, selon l’usage de mes camarades les écrivassiers modernes, ma généalogie : je ne suis pas habile dans l’art héraldique, quoique d’antique noblesse se soit greffée sur ma roture ; ai-je besoin d’aïeux ? Une jolie femme ne jouit-elle pas de tous les avantages ? Si j’étais née d’un sang illustre, j’aurais le bon sens de ne m’en pas vanter ; ma conduite galante déplairait à mes ancêtres ; si elle amuse mes contemporains, le public connaît mes jolis quartiers ; voilà mes titres.

Les adages sont quelquefois vrais : Bon chien chasse de race : je devais donc être ce que je suis, une des plus ardentes prêtresses de Vénus.

Un roué m’a donné l’être ; si par ce mot, qui, pour avoir eu trop de vogue, signifie moins aujourd’hui, on entend un homme avec quelque sorte d’esprit, s’en adjugeant libéralement plus que la nature ne lui en accorda ; détracteur du