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VÉNUS EN RUT


tu existes : ze ne dis rien de trop, il n’y a, d’honneur, que cette sarmante libertine qui m’ait fait connaître toute l’étendue du plaisir. Ze devrais avoir le droit du seigneur comme ancien suzerain, mais ze te le cède ; ze veux que tu ébranles, le premier, les cordes de ce zoli instrument.

Bandino me tourna son compliment de son mieux ; il était parsemé de bluettes, de périphrases, de comparaisons, volées jusque chez les astres.

Je lui dis que je n’étais qu’une brûlante mortelle, et que, sans différer, il était question de l’en persuader ; il m’entendit ; ayant donné le signal, il m’enconna à merveille, pour un Romain : à chaque coup, l’abbé, qui était juge du tournois, battait des mains et prodiguait les bravos.

Mon chevalier me remercia et ne doubla pas ; j’en aurais été surprise si je n’avais su qu’il gardait sa curiosité, pour le revers de la médaille : l’abbé me pria de faire entrer Honoré, puis il dit à Bandino :

— Ami, voilà un sarmant enfant, qui est des nôtres ; ze l’ai eu après madame ; avoue que tu me dois beaucoup de te procurer un couple unique.

Bandino remercia et sentit le prix de ce présent : puis, revenant à moi, il me pria de me rendre à une autre épreuve ; comme il n’avait