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VÉNUS EN RUT

Je savais qu’ayant l’abbé, je ne manquerais pas des meilleures connaissances ; je m’attendais bien qu’au milieu des états de l’amour socratique, il faudrait quelquefois me croire à Avignon ; n’importe, le plus fort était fait, et puis les sequins sont d’un or excellent. Je faisais ces graves réflexions quand l’abbé me présenta le cavalière Bandino.

— Je vous donne, madame, le sevalier pour un second moi-même ; vous m’entendez : ze sais que vous êtes entissée de vos principes ultramontains (tu vois que tout est relatif en ce bas monde) et que vous ne me pardonnez peut-être pas encore, la zolie insolence que ze vous ai faite ; Rosine, vous connaissez le proverbe : À Rome comme à Rome ; vous y êtes ; à deux cents lieues de sez soi, il faut se faire des amis. Aucun de nous ne contredira votre goût dominant ; nous sommes tous à deux mains : ze le répète, soyez bonne fille ; et vous gagnerez, par mes conseils, plus de sequins que de paules par les vôtres.

Je répondis à l’abbé qu’il savait que je n’étais pas bégueule, et que, pourvu que la balance penchât de mon côté, je laisserais mettre dans l’autre plateau ce qu’on voudrait.

— Bravo, bravissimo, voilà qui est parler ; à ça, sevalier, supplie madame de t’être favorable, et de prouver que tu n’as pas soui depuis que