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VÉNUS EN RUT


la patrie des Césars, et la métropole d’un peuple roi ; aujourd’hui habitée par des Italiens, qui ne sont pas des Romains. J’ai vu des bronzes, des marbres, des tableaux, des inscriptions, parce que milord voulait que je prisse des notions ; je ne me souviens que de la Vénus de Médicis, qui m’inspira de la jalousie, et de l’Hercule Farnèse, dont j’ai cherché longtemps la copie dans mes fouteries.

Nous étions allés entendre un virtuose chez l’ambassadeur de *** ; j’écoutais, quand j’entendis, derrière mon fauteuil, une voix qui me dit :

— Quoi, madame, vous êtes ici !

Je me tourne, et retrouve mon cher Succarino.

— Que je suis enchantée, lui dis-je, de vous revoir ; je suis, depuis huit jours, aux antiques, pour toute nourriture.

— Nous vous ferons trouver des modernes ; laissez-moi faire.

Je le présentai à milord ; ils se lièrent bientôt.

Mon amant commençait à être affecté de la poitrine ; son amour pour moi avait augmenté des symptômes déjà dangereux ; les médecins lui ordonnèrent, non seulement d’enrayer, mais de dételer, me priant d’user du crédit que j’avais sur lui pour l’y décider. Je jouai le désespoir ; l’Anglais me donna une somme assez considérable pour retourner en France, ou vivre un an, pour mieux choisir son successeur.