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VÉNUS EN RUT


valoir, mais je n’ai jamais été chez aucune femme, et je crains…

— Y pensez-vous ? Je vois que vous ne savez pas quelle est ma célébrité. Ce qu’il y a de mieux en femmes galantes, je l’ai toujours ; j’ai, quand je veux, les plus jolies bourgeoises ; et, calomnie à part, assez souvent des dames. Je n’ai chez moi que des hommes choisis ; prélats, lords, magistrats, officiers généraux et riches négociants. Au fait, voulez-vous venir à sept heures en fiacre, et seule ; à moins que vous n’ameniez votre gentille suivante à qui je pourrais donner un chevalier de Malte, que je reçois sous la recommandation du commandeur, son oncle. Si vous n’aviez pas l’air, madame, de la plus grande fraîcheur et de la meilleure santé, je ne hasarderais pas de vous donner à monseigneur ; jamais d’accidents chez moi.

— De ma santé, n’en doutez pas, madame Thibaut ; de ma fraîcheur, ceci est un sarcasme, vous ne pouvez être ma dupe ; j’arrive de chez Mondor, que vous connaissez, sans doute ; mais dans une heure, il n’y paraîtra pas.

— Si je le connais ? C’est moi qui lui ai donné Sophie, et Cloris au petit abbé de Mieval ; elles étaient avec vous ! Croyez, belle dame, que j’ai su voir cet air demi fatigué ; mais vous serez encore trop bonne pour sa grandeur, qui parlera peu à vos sens, et ne vous usera pas comme