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VÉNUS EN RUT


n’oublierai point que c’est vous qui m’avez ramassé à Hyères, pour me combler d’une félicité qui m’était inconnue.

Nous arrivâmes de bonne heure à Valence ; le prieur y était déjà ; il avait forcé sa marche, de peur que le diable n’envoyât encore un colonel, pour lui damer le pion. Il avait fait préparer mon appartement près du sien.

Ne pouvant différer, ce qu’il appelait son bonheur, et attendre la nuit, il me supplia d’avoir pitié d’un homme qui, depuis plus de quinze jours, n’avait rendu d’hommage à mon sexe.

— Cela n’est pas possible, lui répondis-je ; vous autres cordons bleus avez toujours des femmes charmantes à vos ordres.

— Oui, madame, quelquefois ; j’y ai été pris ; je suis assez rangé. Mon abstinence forcée vient d’un présent que m’a fait ma maîtresse, un gros garçon ; je ne sais trop s’il est à moi, qu’importe, je le soupçonne d’un gentilhomme voisin qui veut que j’aie fait un enfant à sa femme ; il s’est vengé, avec avantage, il m’a escamoté ma maîtresse ; je ne me suis pas brouillé avec elle pour cette misère, mais la balance n’est pas égale ; je n’ai eu que sa femme, il a pris mon amie, je ne vois qu’un moyen de me faire oublier cette injure, sa sœur me payera pour lui : mais, belle Rosine, il est temps que vous répondiez à mes