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VÉNUS EN RUT

Cet or et la belle figure du drôle, un geste de Fanchette qui me disait :

— Il vaut mieux que son maître, et puis c’est sitôt fait, me décidèrent à lui dire :

— Je n’ai jamais vu chose pareille.

— Vous la verrez, madame.

Sans autres discours, devenus inutiles, il me prend doucement et me met sur mon lit, comme s’il eut porté une enfant ; il était d’une force surprenante. Il jette ses bottes, n’ayant pas besoin d’éperons, le voilà réellement à cheval.

Je voulais jouer la mauvaise humeur et la réserve ; bon, le diable s’en mêlait : Fanchette l’avait jugé, c’était un vrai démon. Le premier coup fini, qui m’avait été fort agréable, il me donna la bourse ; je voulais me retirer.

— Quoi, belle dame, est-ce une plaisanterie ?

Un capucin ne marche pas seul ; et, pan, le voilà parti avec une fureur qui ne me laissait pas le moindre mouvement à faire, il se chargeait de tout. Voilà une seconde inondation pour moi, qui n’étais pas alors plus pressée de le quitter que lui de partir. Fanchette riait comme une folle ; Honoré était allé bouder dans l’antichambre.

— Adieu donc, lui dis-je, galant courrier.

— Tout à l’heure, madame, et ce sera malgré moi, mais il ne faut quitter la partie que quand on n’a plus de fonds ; vous avez la bonté de