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les présences invisibles

lui le coup si durement asséné, car seul parmi tous, il connaît toute son angoisse et sa douleur : « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. » Arrivé au domicile mortuaire, il montre la même pitié. Beaucoup d’amis sont là qui se lamentent avec les parents, mais lorsque le Christ veut leur rendre l’espoir : « Ne pleurez pas ; l’enfant n’est pas morte, mais elle dort », ils oublient leur chagrin de commande pour se moquer de lui avec l’ironie facile des cœurs superficiels, des esprits frivoles ou fermés.

« Elle dort », dit Jésus de la petite trépassée, et il emploiera la même expression à propos de Lazare : « Lazare dort, mais je vais le réveiller. » Il ne montre la mort ni comme un anéantissement, ni comme une longue léthargie ; elle n’est pour lui qu’un bref sommeil, un sommeil apparent, sommeil du corps et non de l’esprit :

« J’étais endormie, mais mon cœur veillait. » (Cant. des cantiques, v, 2.)

Il s’adresse à la veuve de Naïn comme à Jaïrus : « Ne pleure pas. » « Il fut ému de compassion », nous rapporte saint Luc, en considérant cette mère abandonnée répandant sur son fils unique les larmes que Marie allait bientôt verser au pied