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les présences invisibles

nir dans les environs de cette Jérusalem où ses ennemis l’attendaient pour le crucifier. Quel terrible mystère pour le mourant et pour Marthe et Marie que ce retard ! Elles aiment le Messie, elles ont confiance en lui, et au moment de l’angoisse, il les abandonne ! Lui qui guérit, qui console même les étrangers et les païens, qui ne reste jamais insensible aux prières des misérables, il ne répond pas aux messages suppliants de ses meilleurs amis… Lazare agonise et meurt, on l’enterre… Jésus demeure absent… Le voici enfin, trop tard, quatre jours après l’ensevelissement !

Certes, l’affection qui attachait les sœurs de Lazare à leur frère était particulièrement tendre et profonde, et je crois en effet qu’aucun amour ne dépasse en force et en pureté l’amour fraternel quand il s’épanouit dans sa perfection. Pas une goutte de sang qui soit différente, les mêmes vénérations, les mêmes souvenirs d’enfance, une source et une tradition identiques, une compréhension complète, une entente exquise, et rien cependant de trouble ni de charnel, un sentiment naturel intense et désintéressé. Dans la famille de Béthanie, cette harmonie existait, divinisée par la présence du Christ que les sœurs et