Je suis votre servante inutile, mon Dieu ;
J’ai foulé près de vous la route sombre et rude,
Et vous avez voulu que je vous suive au lieu
Du silence profond, de l’âpre solitude.
Je n’aurais pu sans vous marcher par ce chemin,
Tant mon cœur frissonnait souvent de crainte lâche,
Mais je sentais alors que vous teniez ma main,
Et je comptais sur vous pour achever ma tâche.
À présent le soir vient : je rentre à la maison,
Confuse d’apporter une si maigre gerbe,
Désirant travailler encore… À l’horizon,
Le soleil penche, un vent plus frais redresse l’herbe.
Vous me dites : Il faut me servir… Me voici,
Préparant votre coupe et votre pain, craintive
Et pourtant confiante, et frémissante ainsi
Qu’un-enfant altéré près d’une source vive.