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les présences invisibles

Ô Christ, invisible Ami, tu es toujours le même dans ton éternelle fidélité ! Jadis Simon de Cyrène a porté la croix sous laquelle tu succombais ; maintenant tu portes la nôtre, heure après heure, instant après instant, et quand le monde s’étonne de ne pas nous voir défaillir sous d’insupportables fardeaux, nous levons les yeux vers toi, car nous n’ignorons pas d’où nous vient notre force et que sans toi, nous ne serions plus que cendre et corruption — ver et terre.

Ce que tu nous donnes, tu ne veux pas que nous le gardions pour nous seuls ; nous devons, nous pauvres, devenir les distributeurs de tes grâces. Ne savons-nous pas qu’avec un peu de pain grossier et quelques petits poissons, tu as rassasié une multitude affamée ? Nous ne nous laisserons donc pas intimider par notre misère, puisque toutes choses t’appartiennent.

Les disciples d’Emmaüs étaient jadis comme nous, faibles et tristes. Ils n’ont même pas su te découvrir quand tu est venu à eux et que tu leur as parlé ; ils n’ont reconnu ni ton visage, ni ta voix. Mais ils sentaient leur cœur brûler en eux, leur cœur longtemps glacé par le doute et l’angoisse, s’enflammer soudain. Nous aussi, lorsque