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les présences invisibles

AU SOIR

Plus divin que la vie et plus fort que le temps.
H. de Régnier.

Suavité du soir sur les longues collines !
Tout ce que Dieu t’a demandé, tu l’as donné,
Et maintenant le ciel vers la terre s’incline,
Mettant une auréole au sillon moissonné.

Sur le bord du chemin qui descend vers la plaine,
Le visage en sueur, tu t’assieds pauvre et seul,
Et les brumes, tandis que tu reprends haleine,
Dans le val à tes pieds ondulent, lourd linceul.

Mais le soleil autour de toi rayonne encore ;
À la cime des monts lointains, la neige luit,
Pendant que sur la mer dont meurt la voix sonore,
Tombent là-bas les violettes de la nuit.

Plus haut que les combats et les maux de la terré,
Que la grève, les champs et le brouillard épais,
Regarde déjà poindre en ton cœur solitaire,
L’aube d’une ineffable et surhumaine paix.