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comment nous les faisons revivre ici-bas

vivons dans le monde invisible, plus nous sentons que l’entrée des amis dans ce monde invisible est un rapprochement, non une séparation ; je pense que c’est concevable à la façon dont le départ de notre Sauveur le rapprocha, quoique invisiblement, en Esprit[1]. »

L’Évangile nous le montre : tant que les apôtres vécurent matériellement auprès du Christ, partageant ses fatigues et sa nourriture, le voyant, l’entendant sans cesse, ils lui demeurèrent étrangers et fermés. Ils ne commencèrent à le comprendre et à l’aimer véritablement qu’après sa mort et sa résurrection, entrant alors seulement dans son intimité à cause de sa présence spirituelle dans leur cœur.

Ainsi, toutes proportions gardées, les âmes chéries s’unissent souvent mieux à la nôtre quand elles ont échappé à leur enveloppe charnelle et c’est la meilleure consolation à notre âpre chagrin du grand déchirement. Ne soyons pas la dupe des vaines apparences, de cet amer découragement, de cet instinct de conservation qui nous font redouter également de vivre et de

  1. Lettre de Newman citée par L. F.-F. Goyau (Choses d’Âmes, p. 171).