Une grande épreuve nous arrache à notre sécurité, nous met en face du redoutable problème que nous nous efforçons d’éviter. Nous qui avons agonisé et connu l’amertume de la mort en assistant à l’agonie de nos plus aimés, nous faudra-t-il passer encore par le même chemin, chercherons-nous, après cette mort anticipée, à ressusciter en prenant goût comme autrefois aux satisfactions terrestres ? Nous serons bien obligés d’y participer jusqu’à un certain point tant que nous habiterons ce corps, mais comme des voyageurs dans un pays où il ne s’attarderont pas ; c’est ce qu’on appelle « user des choses de ce monde comme n’en usant pas », en y voyant avant tout des moyens de conquérir et conserver les seuls trésors véritables, ceux que nul larron ne dérobe, que nul fléau n’anéantit : « C’est en avant que nous attendent ceux qui nous ont précédés, écrivait une noble et fervente chrétienne[1] ; il faut marcher en avant pour les rejoindre. »
Il n’est pas donné à chacun, me répondra-t-on, de pressentir les joies du ciel, et bien des croyants sincères ne s’en font pas la plus petite
- ↑ Mme Lucie Félix-Faure Goyau.