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LE PARDON SUPRÊME

C’est un bonheur, ayant péché contre son frère,
D’obtenir son pardon, mais comment désormais
Me pardonneront-ils, ceux que pourtant j’aimais,
Et qui sont étendus dans le lit funéraire ?

Que ne puis-je à la tombe un instant vous soustraire
Ô trésors que j’ai cru posséder pour jamais,
Dont j’ai si peu joui, que je mésestimais
Dans ma sécurité trompeuse et téméraire !

Je vous implore, et triomphant de mon chagrin,
Illuminant ma nuit comme un rêve serein,
M’apparaît quelquefois votre image divine.

Vous essuyez mes pleurs, vous voyez mes remords,
Et profonde, infinie, en vos yeux je devine
La pitié que pour nous, les vivants, ont les morts.