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volonté, même mauvaise ; désormais j’obéirai, je ferai ce que me demandaient mes bien-aimés, je leur accorderai ce que je leur refusais par égoïsme, paresse ou vanité. Les bienfaits qu’ils aimaient à répandre, mes mains les dispenseront ; les pauvres qu’ils secouraient, je les adopterai ; les malades, les vieillards, qu’ils visitaient, je ne les abandonnerai pas ; la tâche qu’ils durent interrompre, je m’efforcerai de l’achever. J’aimerai pour l’amour d’eux, ceux qu’ils aimaient ; je prendrai comme chemin la trace de leurs pas afin de les rejoindre plus sûrement.

J’écouterai dans mon cœur : « les voix chères qui se sont tues », les tendres et pieux avis, les sages conseils que je ne suivais guère, les exhortations et les consolations affectueuses auxquelles si souvent je ne prêtais qu’une oreille distraite. Maintenant la douleur les grave en traits de feu dans ma mémoire ; je ne permettrai plus que s’effacent ces paroles précieuses. Je connais les désirs de mes morts bien-aimés ; jamais je ne les compris mieux. Eux-mêmes m’apparaissent maintenant tels qu’ils étaient à leurs heures les plus belles ; leurs imperfections s’abolissent ; je contemple en eux la créature supérieure, l’ange qu’ils