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les immortelles amitiés

aimés par ceux que froissaient peut-être notre insouciance ou nos doutes injustes !

Heureux encore, bienheureux si nous pouvons nous dire : Oui, je fus aveugle, stupide, indigne du trésor que le Ciel m’a repris ; je n’ai pas compris toute sa valeur, je n’ai pas su le chérir comme il l’aurait fallu. Cependant il m’était précieux, infiniment précieux. Je l’ai très mal, très pauvrement, très égoïstement aimé, mais je l’ai aimé autant que mon faible cœur pouvait aimer ; je l’aime encore et avec l’aide et la bénédiction de Dieu, je l’aimerai de plus en plus, de mieux en mieux, pendant toute l’éternité ! Les liens de la chair sont brisés et je ne puis m’empêcher de les regretter ; pourtant le Seigneur pitoyable daigne me promettre que je reverrai un jour l’âme chérie sous une apparence familière, qu’il y aura transfiguration et non anéantissement de cette figure tant désirée, résurrection glorieuse après la nuit sinistre du tombeau. Mais s’il faut renoncer aux joies et aux intérêts matériels, l’essentiel de notre amour demeure et voici le moment d’éprouver, de me démontrer à moi-même sa force, sa pureté, son immortalité.

Je fus peut-être autoritaire, épris de ma propre