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le fit ensuite. Ce même Pierre écrivait plus tard dans sa première épître : « La charité couvre une multitude de péchés. » (I, Pier., iv, 8.)

Beaucoup plus souvent, je le crois, nous sentons bien cruellement que les torts sont de notre côté et nous regrettons avec une indicible amertume de dures paroles, des actes égoïstes ou cruels, une incompréhension presque constante, une indifférence que nous ne nous expliquons plus et tant de joies que nous pouvions donner ou recevoir, tant d’amour qu’il nous était permis de montrer et d’accepter. Hélas ! ces heures sans prix que nous crûmes innombrables, elles étaient bien courtes et elles sont désormais perdues pour toujours !

Car c’est au moment suprême aussi que les yeux s’ouvrent, que les âmes méconnues livrent leur mystère magnifique, que les bouches muettes laissent échapper les plus touchants aveux, que l’aube du ciel prochain illumine le terne et ingrat visage, ou rend la beauté presque divine. Les malheureux viennent alors pleurer celui qui les consolait, les veuves et les orphelins celle qui les habillait et les nourrissait et nous, nous misérables, nous apprenons combien nous étions