Page:Véga - Les présences invisibles, 1932.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE VISITEUR MISÉRICORDIEUX

Est-ce bien toi qui viens à ma porte ce soir ?
Je n’ai pas mérité, Seigneur, un pareil hôte.
Car je t’ai laissé seul au jardin du Pressoir,
Je n’ai pas su remplir ma tâche noble et haute.

Quand tu veillais et tu souffrais, moi j’ai dormi ;
Je ne suis que froideur et stérile paresse,
Je n’ai pas mérité que tu sois mon ami,
Que tu viennes chez moi partager ma détresse.

Prends tout, t’ai-je crié, ce que j’ai t’appartient !
Mais je donne à regret ce que tu me demandes.
Ge lâche cœur ingrat est-il cependant tien,
Malgré son avarice et ses maigres offrandes ?

— Heureux le pauvre et l’affligé ! Je viens à toi
Parce que tu es seul et triste, et misérable…
Le riche et le puissant n’ont pas besoin de moi,
Je suis le Rédempteur du faible et du coupable.