Page:Véga - L’amour qui ne meurt pas, 1929.pdf/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.



La vague chante et meurt, l’oiseau fugitif clame
Sa détresse au couchant prêt à se consumer ;
Sylphe aux accents subtils, le vent d’avril se pâme…
Ce qui brûle au fond de mon âme,
Quand parviendrai-je à l’exprimer ?

La mer garde sa perle et le ravin ses gemmes :
Faut-il désespérer de trouver désormais
Une voix qui réponde aux sentiments suprêmes ?
Le plus touchant de mes poèmes,
Nul ne le lira donc jamais !

Dans l’Océan se perd le fleuve aux longs méandres,
Les nuages dans l’air doivent se disperser ;
Mes lèvres ne seront demain qu’un peu de cendres,
Et les paroles les plus tendres,
Je n’ai pas su les prononcer.

Qu’ai-je donc répondu quand l’amour, divin maître,
À la douleur comme à l’espoir m’initiait ?
L’hymne dont j’ai vibré, qui pourra le connaître ?
Mon regard a parlé peut-être,
Quand ma bouche balbutiait.

Alors que dans la nuit les cours en deuil se fendent
Sous l’effort des regrets, des vains désirs fervents,
Et que des bras désespérés vers eux se tendent,
Peut-être que les morts entendent
Les mots ignorés des vivants.

— 55 —