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Et les cloches sonnaient l’angelus dans la ville,
Peuplant l’espace bleu de divins messagers,
Tandis qu’au ciel montait subtile
La tendre haleine des vergers.

Vous ouvriez des perspectives infinies,
Jardins au bord desquels venait mourir la mer,
Vibrants de vastes harmonies,
Ignorants du mortel hiver.

Qu’êtes-vous devenus maintenant ? La charrue
A tué vos bosquets, vos oliviers, vos fleurs ;
La treille n’est plus qu’une rue
Béante qui conduit ailleurs.

Le cupide étranger profana vos retraites
Et seul, mon cœur fidèle à ses trésors défunts,
Évoque vos beautés secrètes
Et soupire après vos parfums.

Celle qui vous aimait aussi s’en est allée
Plus haut que le soleil, au-delà de nos yeux,
Figure désormais voilée
Que je ne cherche plus qu’aux cieux…

Toi qui me vois errer exilée en ce monde,
Ne prépares-tu pas pour moi, chère âme, oh ! dis,
Moi solitaire et vagabonde,
Une patrie, un paradis ?

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