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Paradis que je vois en fermant les paupières !…
Dans l’herbe aromatique et sèche, entre les pierres
De la voie Appienne, à présent me voici :
Au jour ardent succède une fraîche soirée,
Et Rome du brouillard surgit toute dorée
Dans le ciel éclairci.

J’erre dans les villas ombreuses des collines,
Parmi les hauts cyprès, les fontaines divines
Du Tibur, les miroirs d’Albano, de Némi ;
Le vent d’automne abat glands, olives, carouges ;
Le vin nouveau fermente et les vignes sont rouges
Près du lac endormi.

Pourquoi ne dois-je plus vous contempler qu’en rêve,
Illustres et charmants asiles, douce grève
Où mon bonheur perdu peut-être est demeuré ?
Si je fuyais enfin brume, fanges et neige
Pour retourner là-bas, peut-être y trouverais-je
Ce que j’ai tant pleuré.

Dans une église antique où la Madone prie,
Sous les arceaux en fleurs de quelque hôtellerie,
Au balcon d’un palais qui domine la mer,
Qui sait si, du regard interrogeant la voie,
Ils ne m’attendent pas, ceux qui furent ma joie
Et mon bien le plus cher !


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