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bourgeoise, tous les desgrés de l’eschelle sociale fus- rent mis, il est probable, à contribution. L’amour s’inquiette peu des dignités, des castes et des hyérar- chies ; il frappe là où la beauté apparoist portant d’azur dans le resguard et champ d’or ou de sable sur le chief ; peu lui importe d’où elle vient, ne dit-elle pas assez où elle mesne, et n’achetteroit-on pas sou- vent au prix de son sang le droict de la posséder ! Il suffit qu’elle soit de nature divine, lumineuse et auréolaire ; l’âme des amoureux la sacre noble d’em- blée, et, fust-elle de basse plèbe, elle se relève super- bement dans le baptême des sens. D’aultre part, la femme ne naist jamais Bourgeoise, l’éducation et les préjugés seuls la gauchissent et la dévient. Il existe d’ailleurs assez peu de pièces qui puissent mettre au courant des idées générales du temps à ce sujet. Le poëte vendômois est peut-être le seul qui nous ait laissé quelque aperçu curieux sur un des poincts qui nous occupent. Dans le sonnet qui suyt, l’amant de Cassandre estime que les honnestes courtoisies ne se doivent, selon luy, adresser qu’aux jolies citadines d’esprit délicat et disert, et que la fille de la cam- pagne grossière et rude ne mesrite pas, les hom- maiges des gualants cavaliers.

Mon amy puisse avoir une femme de ville,
Belle, courtoise, honneste et de doux entretien :
Mon haineux puisse aymer au village une fille,
Qui soit badine, sotte et qui ne sçache rien.