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billet du vert-galant alors absent de maistresse : « Mes chers amours, il faut dire vray, nous nous aymons bien ; certes pour femme, il n’en est poinct de pareille à vous ; pour homme, nul ne m’esgale à sçavoir bien aymer. »

Mais n’oublions pas encore le capitaine Lasphrise, le poëte soudard et vicieux qui publia un volume de vers sous ce titre : les Gaillardes, et qui fîst rimer guerre et tonnerre, cueur et vainqueur pour les beaux yeux de sa Théophile et de sa Noémie. Le poëte Pontoux donna à sa mie le nom d’Idée, Robert- Angot lui forgea le nom d’Erice, Pierre de Brach, le chantre bourdelais, symplifia les choses et nomma modestement sa charmante : Aimée.

Parfois aussi, il faut l’advouer, la « Royne des pensées » estoit-elle absolument imaginaire ; c’est ainsy que le folastre Jacques Tahureau, qui en ses Mignardises avoit caressé de ses rimes les plus mys- térieux appas de son Admirée et qui avoit peint ses transports les moins esquivoques, fust obligé (lors- qu’on crut recognoistre en Y Admirée une vertueuse damoiselle de Gennes) de confesser publicquement, pour l’honneur de la Dame, que sa mie estoit faite de resve, pestrie de souspirs, exclusivement formée d’idéal.

Il seroyt difficile en vérité de rechercher le rang ou la classe de ces belles amoureuses ; depuis le sceptre jusqu’à la houlette, de la Dame de Cour à la