- C’est la femme déjà meure ;
- La meure est toujours meilleure.
- Le raisin que je choisy
- Ne soit ni verd ny moisy.
L’appestit de Baïf pour la femme bien à poinctet dans Testé de son âge, appestit sensitif qui s’est généralisé ce jourd’huy, ne passoyt pas pour avoir esté partagé par la majorité de ses compaignons de la lyre. Durant toute la première partie du siècle de François Ier, on fut aussy aimablement porté vers les minois tendrelets et les naifvetés virginales que sur la fin du siècle on s’adonna furieusement à la ma- trone experte ez jeux d’amour. Il y a une terrible distance de Marot ou de Du Bellay, aux satyriques Mot tin ou Théophile. — Mathurin Régnier, on le sent, est venu avec son superbe cynisme faire table rase des derniers vestiges de la gentillesse gothique et des mignarderies poétiques. Régnier ne conte plus fleurette et n’empapillotte pas ses désirs, il ayme le plaisir ; il le prend où il le treuve et le rime sans façon là où il le prend. Luy n’eust point de mie privée à courtiser, il pescha l’amour au hasard de sa route, mesme dans le ruisseau ; il fust plus gran- dement humain que gentiment féministe, car il put ébaucher ainsy une de ses célèbres poésies :
- Toute femme m’agrée, et les perfections
- Du corps ou de l’esprit troublent mes passions…