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ce que Ton sent à la lecture de cette longue pièce (dont nous ne donnons que le début), n’estoit pas une beauté redondante d’appas, ni une de ces femmes cspanouies et cuirassées de graisse, une de ces créatures de kermesse qui firent l’esjouissance des reistres du Nord au siècle seizième. L’idéal de nos poêles estoit généralement dans la sveltesse et l’allongement des formes ; ce qu’ils prisoient par- dessus tout chez leurs mignonnes amoureuses, c’es- toit l’élégance de la ligne, la gentillesse, la légèreté, la grâce, et ce je ne sçays quoy qu’on nommoit la coïntise, la floridité, la souefvetè et qu’ils résumoient dans les qualificatifs raffinés de Nymphette, de Mi- gnardelelte, de Camusette et autres termes sémil- lants et fluets, toujours diminutifs, toujours sculp- tant l’image ou l’idée dans des.formes graciles et harmonieuses, car les charmants énamourés ne voy oient que le nud et la naturelle parure, à l’exemple des admirables statuaires de l’anlicquité, ces grands artistes qui se mocquèrent du pli comme la beauté fièrement rayonnante se gausse des voiles.

S’agissoit-il de la femme sous le harnois du cos- tume, on la vouloit non pas Allertuinizèe à la ma- nière de certaines Dames de Ilolbeipou de : Durer, mais Espagnolizèe, la taille d’une minceur ex- tresme, — Guespèe, dîsoit-on plus tard. — Un ambassadeur vénitien, qui vint en France peu aprèz la mort de Charles IX, escrivoit à propos des Fran-