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Lorsque l’Esprit de Dieu porté dessus les eaux Fit le monde et beauté naistre comme jumeaux : Le monde et la beauté, l’un masle et l’autre fille, Sortis du noir chaos comme d’une coquille.

Ainsy l’Amour en nous, qui de la beauté naist, Est un commencement, un principe qui donne Naissance au mouvement désirant chose bonne, Et, tel plaisant désir, tel plaisir désireux, Rend tout en l’univers, heureux ou malheureux.

Il est plus aysé, a-t-on dit, de treuver la Beauté que de la définir. Le Beau est ce qui plaist ou séduit, ce qu’on ayme et ce qu’on souhaitte de posséder ; ce qui nous attire, nous esmeut et nous transporte et les poètes ont toujours esprouvé qu’un seul mou- vement du cueur a cent fois plus de cresdit sur l’âme que toutes les meilleures raisons du monde.

Le philosophe Chrysippe soustenoit avec grand sens que la Beauté n’estoit adorable que parce que les Dieux paroissoient sous sa forme. Ores, le Beau est un Éternel subjet de concours offert par Apollo le Rousseau à ses disciples et courtisans.

La Beauté, c’est la grande muse inspiratrice. — Ne demandons pas, disoit judicieusement Aristote, ce que c’est que le Beau ; — laissons faire cette sin- gulière question à des aveugles de naissance, à ces pauvreteux bannis de liesse et exilez par les yeux du paradis des formes.