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était bien moderne. Marot, Ronsard, eurent en leur temps les mêmes admirations, et pour te prouver que cet amour de Paris a toujours existé, écoute un peu ce qu’écrivait un prosateur fantaisiste dans un Livre à la mode et des plus modernes, aux environs de 1758.

« Avouez que Paris est la villa par excellence et que, hors de ses murs, il n’y a réellement point de salut. Quel agrément que celui des promenades ! Les princesses, sans suite ainsi que les bourgeoises, vont et viennent, bourdonnent des chansons et des nouvelles, parlent politique et modes, philosophie et rubans, et se confondent toutes ensemble pour former une variété de couleurs, telles qu’on les voit dans un prisme. Les visages s’épanouissent ainsi que les feuilles, dans une liberté inconnue aux Italiens, odieuse aux Allemands ; toutes les distinctions demeurent suspendues, et il n’y a que le plaisir de se voir, de rire et de converser. Là, une Excellence à soixante-seize quartiers ne craint point de compromettre sa dignité en se promenant à pied, au milieu d’un monde roturier, parce>que toutes les personnes y sont également excellentes, c’est-à-dire bonnes, affables, joyeuses et sans aucune prétention pour la moindre révérence ni pour le moindre coup de chapeau. Là, on s’embrasse cordialement et l’on se fait un plaisir de se renvoyer l’un à l’autre, à l’aide des zéphirs, des tourbillons de poudre à la maréchale ou