Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée


Je ne dirai pas comme les physiologistes d’autrefois que cette sensitive habillée marche comme une harpe éolienne et qu’elle est la personnification des trois Grâces ; mais j’avancerai qu’aucune femme ne sait mieux trotter dans les rues des villes et même à la campagne, qu’aucune ne sait aussi bien recevoir dans son home, avec la gaieté, le sans-façon cordial, à la fortune du pot ; qu’aucune enfin ne babille avec autant de charme, ne vous met à l’aise avec autant d’affabilité et que, partout où on la voit, elle emparadise les yeux, l’esprit et le cœur par ce je ne sais quoi d’excitant et de délicieux, que l’argot des ateliers nomme le moderne… le si moderne….

Fontenac était intarissable, mais ici je l’interrompis de nouveau. — « Le moderne, mon cher ami, est un mot bien fugitif et insaisissable, un des in- nombrables qualificatifs ridicules que notre époque emploie hors de saison. La Parisienne a toujours été moderne pour ceux qui l’ont chantée depuis le xnic siècle, où je retrouve son apologie poétique, jus- qu’à ce jour ; tu te souviens de la ballade de Villon qui se termine par cet envoi à la louange de son gentil bavardage.

Prince, aux Dames Parisiennes
De bien parler donnez le pris ;
Quoi qu’on die d’Italiennes,
Il n’est bon bec que de Paris.

Pour ce gai poète, le jargon des femmes de 1460