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cieuses, rythmées au son du tambourin ; lorsqu’on voit ces tartanes chargées d’hommes en fête, dont quelques-uns, efféminés, marquent la danse des hanches ; lorsqu’on contemple sur la rive les femmes parquées ensemble, extasiées devant ce grand panorama mouvant, devant ces plaisirs dont elles sont exclues, on convient bien vite de l’horreur que de telles mœurs nous inspirent, et toutes nos théories antisociales, nos paradoxes de jeunesse, nos sentiments antérieurs disparaissent aussitôt, comme de ridicules conceptions issues de l’extravagance de notre éducation littéraire qui fausse en nous, — sous prétexte d’originalité, — la droiture de notre instinct et notre naturel bon sens. Ne me parle plus, en conséquence, des femmes turques ; tu risquerais d’évoquer des tristesses profondes, semblables à ces cauchemars qui persistent chez ceux qui ont vu des maisons d’aliénés ou des préaux de prison.

— A Paris n’avons-nous pas notre sérail, un harem délicieux d’odalisques en liberté, un troupeau dispersé parmi lequel la sympathie seule se charge de lancer le mouchoir ? — Jette un coup d’œil sur ce boulevard, et vois toutes ces sultanes d’Occident qui marchent coquettes et radieuses, distillant une griserie d’amour dans l’air ambiant. Ouvrières, boutiquières, actrices, hétaïres, petites bourgeoises ou grandes dames se font toutes désirables par leur goût délicat, leur maintien charmant, par l’origina-