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magicien, sent sourdre en lui l’éloquence des désirs brutaux ; il a enlacé la fillette à l’épaule près du cou, la pressant durement, et tous deux marchent lentement, en parlant bas, si bas que rien ne détruit la symphonie nocturne : le chant des grillons et des insectes dans l’herbe et le coassement régulier des grenouilles qui monte berceur dans l’ombre. Dans la plaine, la fraîcheur dégage les senteurs vivifiantes de la verdure et les arbres ont des formes indécises qui font que les femmes se serrent contre le mâle. Le galant rameneux approche tout à coup son visage contre celui de sa compagne ; il a retrouvé maintenant ses pipeaux rustiques et en joue de son mieux, bien que sobrement. Il l’embrasse, il la presse, sans qu’elle veuille se défendre… ; il déclare la trouver la plus gente, la plus avenante du village, la plus laborieuse, et a toujours pensé qu’elle ferait une rude petite femme. Elle répond à peine, très émue ; « pour sûre qu’aussi elle le trouve un beau garçon, dur à la besogne et dont le père, à la maison, parle toujours avec éloge ». — Ils causent d’avenir, très absorbés par leurs projets, sincères en ce moment ; à la lueur de l’espérance qui brille à ses yeux, la pauvrette ne voit pas les embûches sous ses pieds. Ils se sont arrêtés et assis sur un talus, contre une haie. Ici, le fier mâle se démasque et la mange de baisers ; il ne supplie pas, il attaque…. Il n’incline pas son amie sous les baisers, il la renverse… il la bous-