Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Irly, une ancienne maison d’Anjou qui a laissé des noms dans la robe et dans l’armée. Mon mari mourut en 1812, tracassé de toutes parts, écœuré d’injustice humaine ; mon infortuné fils, alors capitaine de la garde, se fit tuer héroïquement à Waterloo, laissant sa mère, sa veuve et sa fille sans soutien ; ma bru elle-même ne tarda pas à succomber à sa tristesse, si tant est que l’on meurt de tristesse, ce que je ne saurais croire, étant encore vivante. Jugez, Monsieur, si de tels malheurs ne laissent pas prise à l’idée de la fatalité et songez au bonheur de ceux qui ont ouvert comme vous les bras à la vie au début de ce siècle, et pour qui tout semble souriant. »

Les deux femmes, les yeux humides, se serraient les mains comme accablées par cette situation de solitude et d’isolement qu’elles venaient d’exposer si nettement.

Florval lui-même semblait en proie au plus sombre découragement ; cette jeune fille si suave) si délicieusement belle, près de cette auguste grand’mère, n’était-ce pas le ciel qui la mettait sur son chemin, pour la soutenir, pour l’affranchir de la fatalité, de la misère peut-être, et de tous les obstacles qu’elle trouverait sur sa route ! Le destin ne semblait-il pas lui crier ; « Prends-la, charge-toi d’elle, sois sa providence ! Emporte-la dans le bonheur ! Elle sera tienne par l’amour et par la reconnaissance… ; de ce dernier rejeton d’une honorable famille, tu feras