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se tournant vers sa petite-fille, — bien malheureuses étaient les pauvres femmes en ce temps troublé, et il faut se féliciter grandement d’être venu au monde, de se sentir jeune et de jouir de la vie dans l’accalmie présente. »

Florval écoutait avec déférence, donnant des signes d’approbation, encourageant les confidences et souriant avec une douce mélancolie à la belle Juliette, muette dans son coin ; puis, comme de nouveau un silence se faisait :

« Lorsqu’on a vu, comme vous, Madame, dit-il avec intérêt, la Révolution, la Terreur, le Directoire, l’Empire, l’Invasion, le retour de l’île d’Elbe, la Restauration, on peut se consoler de bien des atteintes subies par le contre-coup de tant d’événements, en se disant qu’on a assisté, en quelques années d’existence, à la plus grande ou la plus intéressante période d’histoire que la France aura jamais à enregistrer. »

« — Que de ruines cependant accumulées autour de moi ! soupira l’aïeule. Les femmes sont les éternelles victimes de la politique et de l’ambition des hommes ! Que m’importerait, en effet, d’avoir vu tant de bouleversements, qui donneraient un aliment à mes souvenirs, si ma famille n’avait eu à en souffrir, et si tous les miens étaient encore groupés autour de moi. — Hélas ! Monsieur, cette pauvre fillette et moi sommes les derniers représentants des Leblanc